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Urbanisme, aménagement, travaux

Urbanisme : construire durable

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Ville attractive, Saint-Herblain grandit en population et en nombre d’emplois. Mais le développement de la commune se réalise en prenant en compte deux enjeux fondamentaux : les besoins des populations en services publics et la préservation de la nature en ville.

Travailler sur l’urbanisme à Saint-Herblain, c’est composer avec une commune étendue, hétérogène avec 4 quartiers différents et presque autant d’habitants et d’habitantes que de personnes qui y travaillent. « Répondre aux besoins de ces deux types de population tout en préservant et en aménageant l’environnement, telle est notre vision, explique Anna Coluccia, directrice de l’urbanisme à Saint-Herblain. Mais ce n’est pas juste construire, c’est aussi aménager le vide comme le cours Hermeland, épine dorsale de la ville où notre objectif est de relier le plus possible tous les quartiers à ce poumon vert. »

Le rôle de la Métropole

Depuis 2019, le Plan d’urbanisme local est métropolitain (PLUm) rassemble divers documents qui fixent les orientations des politiques publiques en termes d’habitat, de transports, de développement durable… Il indique les endroits où il est possible de construire (prioritairement sur les zones déjà urbanisées) et les espaces naturels à protéger (le cours Hermeland, la partie ouest du territoire, le parc de la Chézine…)

« Le PLUm est une construction concertée, il évolue à partir des remontées de terrain, précise Jérôme Sulim, adjoint à l’urbanisme et au développement durable. Par exemple, nous avons demandé à Nantes Métropole une modification des règles concernant les panneaux solaires, pour faciliter l’installation de ces énergies renouvelables sur le territoire herblinois, notamment dans le bourg ». Si la Métropole édicte les règles, le maire continue de signer les permis de construire et a des exigences supplémentaires vis-à-vis des constructeurs : insertion dans le paysage, taille minimale pour les balcons, appartements traversants…

Vue sur les nouveaux immeubles du quartier Bagatelle
Débutée en 2009, la construction de Bagatelle s’achève. L’écoquartier mêle logements de qualité au sein d’un vaste parc arboré © Pascal Beltrami

450

logements construits chaque année (objectifs PLUm)

26 %

de logement sociaux

661

hectares de zones économiques et 878 hectares de zones majoritairement habitables

1 200

hectares de zones naturelles soit 1/3 de la superficie de la commune

Le logement en crise

Le Programme local de l’habitat (PLH) précise qu’il faut construire 6000 logements chaque année sur la Métropole pour satisfaire les besoins dont 450 à Saint-Herblain mais la crise immobilière démarrée il y a 2 ans complique la situation. Le logement libre ne se vend pas, les promoteurs réclament davantage de logements abordables pour commercialiser plus facilement. « On s’adapte au cas par cas mais il faut veiller à la mixité, expose Anna Coluccia. Des permis de construire sont acceptés mais les travaux ne commencent pas. Les deux dernières opérations à Bagatelle sont ainsi bloquées économiquement. »

De plus, après s’être beaucoup développée au début des années 2000, le choix des élus, depuis deux mandats, est d’agir pour un développement maîtrisé, de lancer des projets seulement si les besoins en services publics peuvent être satisfaits. « Nous voulons garder une ville à taille humaine, conserver des espaces verts, un environnement sain et permettre aux gens de se loger dans de bonnes conditions » affirme Jérôme Sulim.

Des gens déambulent dans le parc des 4 vents, dans la zone Ar Mor.
Grande zone d'activités de la métropole nantaise, le parc Ar Mor mêle espaces naturels, cheminements propices aux mobilités douces et activités tertiaires de pointe © Pascal Beltrami

Reconstruire la ville sur elle-même

La logique qui prévaut aujourd’hui est la densification raisonnée. La loi Zéro artificialisation nette vient transformer la façon d’imaginer la ville. « Cela implique de reconstruire la ville sur elle-même, développe Anna Coluccia. Nous avons créé une mission de stratégie foncière pour réfléchir en amont, être dans une démarche active et utiliser le droit de préemption si besoin pour un projet d’habitat ou agricole. »

Face aux enjeux environnementaux, la collectivité adapte depuis plusieurs années la commune au changement climatique et préserve la biodiversité. Quitte à réduire l’ambition de certains projets quand leur impact environnemental s’avère négatif, à l’image de la partie sud du projet Grand Bellevue où la zone constructible va être divisée par 4. « Le nombre de logements du nouveau quartier de la Pâtissière sera sans doute ajusté également » conjecture Anna Coluccia. Les projets sont aussi davantage pensés avec les habitants, en concertation, à l’image du projet Gourmette. Le foncier d’une ancienne crèche a ainsi été valorisé pour laisser place à un petit collectif d’appartements et de maisons, entièrement co-construit avec les riverains.

La loi Zéro artificialisation nette (ZAN)

Pour limiter l’étalement urbain, l’artificialisation des sols (perte de leurs qualités naturelles) et ses conséquences délétères sur le climat et la biodiversité, la loi Climat et résilience promulguée en juillet 2023 fixe un objectif de zéro artificialisation nette en 2050. Cette artificialisation devra être réduite de 50 % dès 2030.

Vue sur les immeubles de la Gourmette.
Le collectif de la Gourmette, en bordure du Val-de-Chézine, a été entièrement co-construit avec les riverains © Pascal Beltrami

Adaptation et ville du 1/4 d'heure

Pour densifier la ville et se rapprocher de l’ambition de la ville du ¼ d’heure (tous les commerces et services essentiels à 15 minutes à pied), des secteurs sont amenés à évoluer pour y inclure davantage de logements telle la zone Atlantis (voir témoignage) ou la route de Vannes, un projet piloté par Nantes Métropole. Le boulevard Charles-Gautier, autrefois axe routier infranchissable par les piétons et vide de services, s’est animé et apaisé avec l’arrivée de logements, de commerces, de voies réservées aux transports en commun et aux mobilités douces…

« L’idée n’est pas d’homogénéiser la ville, on s’adapte à chaque type de quartier, rappelle Jérôme Sulim. À la Chasseloire, on gardera l’esprit village, à Bagatelle c’est un plus gros collectif mais dans un parc très arboré. L’urbanisme, c’est l’école de l’humilité. On s’inscrit dans une histoire longue en répondant à des besoins nouveaux. »

Multiples concertations pour le boulevard Charles-Gautier

Lancé en 2013, le projet d’aménagement durable du boulevard Charles-Gautier se poursuit. Sur les 13 îlots à construire, 6 sont d’ores et déjà livrés. Avant chaque démarrage de chantiers, 3 réunions d’informations avec les riverains sont systématiquement organisées : une présentation du cahier des charges, une explication du projet et un moment d’information avant le lancement des travaux. « Cela demande du temps, mais c’est rassurant pour les riverains et cela évite des recours en raison d’incompréhensions » se félicite Anna Coluccia.

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Le boulevard Charles-Gautier s’est animé et apaisé avec l’arrivée de logements, de commerces, de voies réservées aux transports en commun et aux mobilités douces… © Pascal Beltrami

Repenser les zones d'emploi

Saint-Herblain accueille sur son territoire d’importantes zones d’activités économiques ou commerciales, à l’image du secteur Atlantis. Construites au XXe siècle, certaines de ces zones sont amenées à se métamorphoser dans les années à venir (lire p.17) afin de prendre en compte les enjeux de demain : développement des mobilités douces, végétalisation de certains espaces artificialisés, construction de logements sobres sur le plan environnemental…

Denise Perronneau, riveraine du projet Gourmette

En 2016, la collectivité décide de réaliser une opération foncière en lieu et place de la crèche de la Gourmette. Un groupe de réflexion d’une vingtaine de personnes est constitué dans lequel s’investit Denise Perronneau, riveraine du projet. « Lors de la première réunion, nous avons choisi 3 projets sur les 14 proposés. Ensuite, nous avons échangé et partagé ce qui était important pour nous : l’insertion dans le paysage, la conservation des arbres, un nombre d’étages limité pour conserver la vue sur le parc de la Chézine, suffisamment de places de stationnement… ».

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Denise Perroneau, riveraine du projet Gourmette ayant participé à la concertation

De nombreuses réunions s’enchaînent, les membres du groupe choisissent le projet final et se prononcent même sur la taille des fenêtres et la couleur du bardage. Six ans (dont deux ans de retard à cause du Covid) auront été nécessaires entre le début du projet et les premiers emménagements. « C’était une vraie leçon de démocratie car nous avions différents points de vue mais nous sommes arrivés à un accord. Nous avons été écoutés, tout s’est bien passé. »