Tranquillité publique, sécurité
Sécurité à Bellevue : « Ne pas laisser un mètre carré aux dealers »
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Écouter les habitantes et habitants de Bellevue et présenter les actions du schéma local de tranquillité publique du quartier, c’est ce qui était au menu de la réunion d’échanges du 18 mars.
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La réunion était attendue des habitantes et habitants du quartier. Elle a eu lieu lundi 18 mars 2024 à la Maison des habitants et des citoyens place des Lauriers à Nantes. Près de 200 personnes y ont participé dans un contexte tendu sur le quartier alors que des feux avaient été déclenchés devant le lycée Camus vendredi 15 mars matin et qu’une conductrice de bus était victime de tirs de paintball samedi soir place Mendès-France.
» Ce quartier, c’est le mien je veux m’y sentir bien, c’est notre diversité, c’est notre fierté « . La banderole affichée dans la salle accompagne les prises de parole du collectif du 4 novembre, groupe d’habitants de Bellevue et d’associations (CSF, CLCV, Environnements solidaires, Conseil citoyen du Grand Bellevue, parents d’élèves, etc.). Ce collectif s’était mobilisé le 4 novembre dernier pour dénoncer le climat d’insécurité de la place Mendès-France « alors qu’un jeune était mort dans la plus grande indifférence le 7 octobre 2023 » et réclamer plus de moyens pour la sécurité dans le quartier.
Lors de la réunion, plusieurs témoignages rassemblés par le collectif se sont succédé pour décrire la vie dans le quartier. Difficultés pour les travailleurs sociaux et médicaux de faire leur travail après 10 h du matin et après 17h30, tentatives d’intimidation, insultes, agressions physiques et verbales dans les transports publics, rodéos, … Malgré ce climat général, le collectif a redit son attachement au quartier et remercié l’organisation de cette réunion publique qu’il avait demandée. Une mère de famille a exprimé sa » peur pour son fils de 16 ans qui traîne avec des gars du quartier. D’où viennent les consommateurs ? Il est temps d’ouvrir un vrai débat sur ces consommations illicites. N’est-ce pas un vrai problème de santé publique aussi ? « .
Le collectif a rappelé ses revendications pour » plus de moyens pour les services publics, pour la prévention, plus de présence humaine, plus de moyens pour les associations. » Concrètement, le collectif demande l’ouverture d’un commissariat de secteur, le retour de la police de proximité, un accompagnement bienveillant des victimes, la création d’un conseil local de prévention intégrant des habitants notamment.
Le climat d’insécurité a été dénoncé et jugé intolérable par l’ensemble des représentants de l’État et des collectivités. Face à ces témoignages, plusieurs réponses ont été apportées. La Ville de Saint-Herblain a expliqué s’être engagée avec la Ville de Nantes et les services de l’État dans une démarche globale en matière de sécurité et de prévention de la délinquance se dotant de moyens organisationnels, matériels et humains. En février 2022, le schéma local de tranquillité publique (SLTP) a été signé traduisant la mobilisation collective à l’œuvre dans un contexte de transformation urbaine du quartier.
Face à l’évolution des publics associés aux trafics de stupéfiants, aux points de « deal » et à la recrudescence de la violence, les différents partenaires du SLTP (Parquet de Nantes, Préfecture, Police nationale, Villes de Nantes et Saint-Herblain et bailleurs sociaux) ont décidé de poursuivre le SLTP pour une durée de 2 ans (2024-2026). Ce dispositif est resserré en 7 actions opérationnelles, parmi lesquelles :
- poursuite du Groupement local de traitement de la délinquance (GLTD) piloté par le Parquet,
- participation au groupe partenarial opérationnel (GPO) piloté par la Police nationale pour des opérations de sécurisation du quotidien,
- redéploiement de la vidéoprotection après diagnostic partenarial, lutte contre le sentiment d’impunité avec la mise en œuvre du dispositif du travail non rémunéré à délai rapproché (TNRD-DR) signé avec le Parquet de Nantes,
- intégration de deux nouveaux acteurs : Nantes Métropole pour l’occupation transitoire de l’espace libéré par les démolitions des immeubles de la place Mendès-France, et le bailleur social CDC habitat pour renforcer l’accompagnement des habitants du quartier dans cette phase de travaux.
Les objectifs de l’État dans le quartier ont été rappelés par Olivier Laigneau, sous-Préfet chargé de mission pour la Politique de la Ville et la cohésion sociale : la rénovation du quartier dans le cadre du projet Grand Bellevue, avec l’apport de 17 millions d’euros, mais aussi la réhabilitation de la résidence des Rochelets côté Bellevue-Nantes avec le concours de l’ANAH (Agence nationale de l’habitat) ; le renforcement des moyens humains avec la signature du Contrat ville à hauteur de 1,5 million d’euros pour les quartiers prioritaires de Nantes Métropole et le soutien à la dynamique citoyenne
1 152
interventions de Police secours dans le quartier en 2023 contre 670 en 2021 côté Saint-Herblain
43
animations culturelles en 2022, 44 en 2023 dont une grande parade organisée par Royal de Luxe
41
mises en fourrière en 2022 et 62 en 2023 à Bellevue
4
caméras de vidéoprotection supplémentaires en service
1
réunion mensuelle du Groupe de partenariat opérationnel réunissant, sous le pilotage de la police nationale la Préfecture, les Villes de Saint-Herblain et Nantes, la SEMITAN et les bailleurs sociaux
1
réunion toutes les 6 semaines du Groupe local de traitement de la délinquance Bellevue, piloté par le Parquet, et rassemblant la police nationale, les deux villes et les bailleurs sociaux
Nicolas Jolibois, directeur interdépartemental de la Police nationale, a souligné le rôle indispensable des citoyennes et des citoyens aux côtés de la Police nationale.
Olivier Laigneau, sous-préfet, a ensuite insisté sur la nécessité d’un repérage et d’un traitement des problèmes de délinquance le plus tôt possible, notamment lorsque survient un décrochage scolaire. Le travail de formation de l’EPIDE, établissement public, a été évoqué comme solution de formation pour des jeunes de Bellevue déscolarisés. Ses capacités d’accueil vont doubler pour accueillir jusqu’à 150 jeunes dans les 2 à 3 ans à venir. Doté d’un budget de 400 000 euros par an, le dispositif de la Cité éducative a également été rappelé, tout comme le travail réalisé avec les associations du quartier telles que l’association Regart’s pour le rapprochement entre la police et les jeunes ou encore le club de football JSC Bellevue.
La présence de 6 médiateurs côté nantais et de 5 animateurs de proximité côté herblinois a également été rappelée, ainsi que celle des éducateurs de la prévention spécialisée du Département (4 côté Nantes et 5 côté Saint-Herblain).
Les animateurs de proximité présents dans le quartier ont pour mission d’accompagner les jeunes vers des projets d’autofinancement, des actions jeunesse citoyennes et collectives, vers le dispositif mené avec la Mission locale « Permis de conduire ». En effet, la Ville de Saint-Herblain a choisi d’aller au-delà de la médiation par un accompagnement individualisé des jeunes et un soutien à la parentalité, en lien avec ses partenaires privilégiés comme l’Agence départementale de la prévention spécialisée.
Punir les consommateurs de drogue
Face aux consommateurs de drogue qui viennent acheter les produits dans le quartier, le directeur interdépartemental de la Police nationale a rappelé l’existence de l’amende forfaitaire délictuelle, c’est-à-dire une amende de 200 € utilisée à leur encontre. Le démembrement de réseaux de drogue a été rappelé, avec 33 opérations sur le quartier de Bellevue depuis le début de l’année. Des saisies de produits, d’argent et de biens immobiliers à l’étranger ont lieu régulièrement, montrant le travail d’enquêtes au long cours mené par la Police nationale et la Justice.