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Culture

Milena Massardier : “ Interpréter ma version du monde ”

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Dans l’atelier de Milena Massardier, artiste plasticienne sur le point de finir sa résidence à la Maison des Arts, un environnement de fête foraine délirante prend vie. Quelques jours avant l’ouverture de son exposition “ C’est le pompon ! ” le 2 avril, elle répond à nos questions.

Quel est votre parcours d’artiste plasticienne ?

Mon parcours est atypique, bien différent de celui des artistes qui suivent des études artistiques post-bac. J’ai fait le choix d’arrêter mes études à ma majorité, avant même d’avoir obtenu mon baccalauréat. Je l’ai finalement décroché quelques années plus tard, en candidat libre. À mes débuts, j’ai exercé comme médiatrice culturelle, et en parallèle, je faisais de la photographie. J’ai pris plaisir à faire découvrir le travail des autres jusqu’au jour, où j’ai ressenti à mon tour, l’envie de créer de toute pièce mes propres productions. Originaire du Pas-de-Calais, je me suis installée en Pays de la Loire à mes 25 ans. J’ai ainsi entrepris une classe préparatoire à Cholet qui a grandement été bénéfique à la construction de mon parcours. Puis, j’ai suivi les enseignements de deux grands artistes et professeurs aux Beaux-Arts d’Angers, Isabelle Lévénez et Étienne Poulle. Isabelle a largement contribué à enclencher ma carrière artistique lorsqu’elle m’a proposé de me joindre à elle pour son projet “ Femmes guerrières, femmes en combat ”, qui m’a offert une visibilité nationale.

Pouvez-vous nous décrire votre processus de création ?

Ma fascination pour la fête foraine m’a donné envie de lancer un projet artistique sur ce thème. Je me suis longuement attardée sur ses symboles, ses représentations, son iconographie pour lesquels je n’ai pas produit de croquis en abondance. Pour autant, j’ai effectué de nombreuses projections à l’aide de l’intelligence artificielle (IA). Je ne suis jamais très précise quand je génère des prompts pour me laisser une marge de manœuvre. L’IA est un outil sur lequel on peut s’appuyer pour faciliter nos recherches, mais il s’agit d’apprendre à le manier.

 

Avant d’expérimenter par le collage et l’assemblage, la documentation se trouve être une étape essentielle à mon processus de recherche. Je puise mon inspiration dans la culture populaire, le cinéma d’horreur et le cinéma hollywoodien. Ce sont des références profondément ancrées dans l’univers collectif. En me les réappropriant, cela me permet d’établir un premier point d’ancrage avec le public. J’ai ainsi multiplié les expositions, les documentaires et la lecture d’ouvrages. Des artistes – tels que Sonia Delaunay ou Jean-Michel Basquiat – qui ont pris part au design des manèges et attractions surprenantes des fêtes foraines américaines Luna Luna m’ont considérablement inspirée. Je me suis également rendue plusieurs fois au Musée des Arts Forains à Paris. Férue de photographie, j’ai immortalisé plusieurs “ Ducasse ”, un terme utilisé dans le Pas-de-Calais pour désigner les fêtes foraines. Au bout d’un moment, j’arrête le processus de documentation, car il pourrait durer éternellement ! Je m’applique ensuite à sélectionner des éléments de la culture Pop et de notre société que j’interprète, offrant ainsi ma version du monde.

Milena Massardier et son grappin
À l'aide de l'imprimante 3D de la Maison des Arts, Milena Massardier a ainsi crée ce grappin de toute pièce.

Quel est votre univers artistique ?

Pour résumer l’esprit de mon travail, je citerais mon enseignant et mentor, Étienne Poulle qui m’a qualifié, un jour, dartiste de trash précieux. Il est vrai que je m’applique à créer des univers où l’alliance du fantastique, de l’horreur et du terrifiant se transforme en objets précieux.

Qu’est-ce qui vous a conduit à cette résidence artistique à la Maison des Arts ?

Ce n’est pas la première fois que je compose sur le territoire herblinois. Par le passé, j’ai occupé gratuitement un espace de production au sein des ateliers de Bellevue. Cela a été décisif pour ma carrière. Car cette expérience m’a motivée à candidater pour une résidence à la Maison des Arts, en proposant un projet en adéquation avec ce haut lieu culturel herblinois et avec le territoire local. Mon désir de mener des recherches autour de la fête foraine et de la culture artistique a retenu l’attention du jury. La résidence a débuté en novembre 2024 et s’achèvera à la fin du mois de mars 2025. J’ai une prédilection pour les villes comme Saint-Herblain qui accordent une place majeure à l’art par la politique culturelle qui y est menée. Je trouve cela très stimulant d’être en résidence au sein d’une école avec autant de diversité sociale chez les personnes qui la fréquentent.

De quel accompagnement à la création bénéficiez-vous au sein de la Maison des Arts ?

Cette résidence m’offre des possibilités que je n’aurais pas eues ailleurs. Je dispose d’un atelier personnel, d’une bourse de production et d’un accompagnement par le support technique de la structure notamment pour la prise en main de l’imprimante 3D. À la Maison des Arts, j’explore et expérimente des techniques inédites pour moi comme le tufting, une création artistique en laine, que j’approfondis à travers une pratique en design textile. J’aurai plaisir à présenter mes pompons de manège en tufting, mes friandises en céramique devenues précieuses, lors du vernissage de mon exposition le 2 avril prochain.

 

“ C’est le pompon ! ”, à découvrir jusqu’au 14 mai

L’exposition “ C’est le pompon ! ” se tiendra du 2 avril au 14 mai 2025. Vernissage le 2 avril à 19h. Galerie de la Maison des Arts au 26, rue de Saint-Nazaire.