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Migrants d’Europe de l’Est : un terrain d’insertion à l’Ormelière
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Engagement fort du mandat, la Ville va construire sur le secteur de l’Ormelière un terrain d’insertion temporaire pour les populations migrantes d’Europe de l’Est. Le site, qui sera géré par un opérateur social de premier plan, permettra aux familles sélectionnées d’assurer leur transition vers le droit commun.
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[Mise à jour du 19 juin 2024] : suspension du projet de Terrain d'insertion temporaire
Suite à une décision du tribunal administratif en date du 12 juin 2024, la construction du Terrain d’insertion temporaire (TIT) de l’Ormelière est suspendue, pour des raisons de procédure liées au Plan local d’urbanisme métropolitain (PLUm).
Si la Ville prend acte de la décision des juges, elle se réserve le droit de poursuivre la création de ce projet d’intérêt général visant à la résorption des bidonvilles et de l’habitat indigne, en sollicitant, dans les mois à venir, une modification du PLUm auprès de Nantes Métropole.
C’est un projet singulier et innovant qui verra bientôt le jour à Saint-Herblain : la création d’un Terrain d’insertion temporaire (TIT) pour les populations migrantes d’Europe de l’Est. Objectif : permettre aux populations Roms, qui vivent dans des conditions très précaires sur le territoire communal, de pouvoir s’insérer durablement et de rejoindre les dispositifs de droit commun.
Le 2 mars dernier, la Ville et ses nombreux partenaires présentaient ce projet d’action sociale aux quelques 200 habitants et habitantes présents. « Ce projet correspond à des orientations politiques claires : la résorption de la dizaine de bidonvilles herblinois dans lesquels les Roms vivent dans des conditions désastreuses depuis 2008, date de leur arrivée sur la métropole », a déclaré Bertrand Affilé, maire de Saint-Herblain.
« Nous avons dû prendre acte du fait que la politique d’expulsion systématique n’avait pas porté ses fruits, a ajouté pour sa part Olivier Laigneau, sous-préfet, chargé de mission pour la politique de la Ville. Avec ce projet, nous changeons de paradigme : les personnes qui le méritent vraiment doivent pouvoir s’intégrer. »
La parcelle communale concernée, grande de 3 800 m2, se situe à l’intersection de la rue Julian-Grimau et de la voie métropolitaine 75. Le terrain a été choisi pour son accès facilité aux axes routiers, aux transports en commun, aux écoles et à un certain nombre de services publics. « C’est important car les familles choisies seront en situation d’emplois, la plupart du temps dans des communes périphériques de la métropole, là où les besoins en maraîchage et en viticulture sont importants », a indiqué Christian Tallio, adjoint au maire en charge de la politique de la Ville.
3000
personnes vivent dans des campements de fortune sur le territoire métropolitain
600
Roms sont dénombrés à Saint-Herblain
250
enfants Roms vivent dans des bidonvilles herblinois
11
bidonvilles sont présents sur la commune de Saint-Herblain
Le terrain d’insertion comprendra 14 mobil-homes, permettant d’accueillir autant de familles (soit 60-70 personnes au maximum). L’équipement, qui a vocation à être pérenne, se veut une première étape dans un parcours locatif plus large, avec un accompagnement renforcé à destination de ces personnes pour intégrer, dans un second temps, le parc locatif social. « Les personnes sélectionnées devront respecter un certain nombre de critères pour accéder à ce terrain d’insertion », a insisté le maire, Bertrand Affilé.
Parmi ces critères, les ménages sélectionnés devront respecter quatre conditions cumulatives :
- avoir un projet de vie en France ;
- pouvoir justifier d’un travail et/ou d’une formation professionnelle ;
- prouver une scolarisation assidue des enfants ;
- souhaiter s’investir dans un parcours de logement.
« Saint-Herblain est l’une des premières communes à s’engager dans ce type de projet innovant et je tiens à féliciter la Ville d’être moteur là-dessus », a souligné François Prochasson, vice-président de Nantes Métropole, en charge du logement social et droit au logement. Les ménages éligibles seront identifiés par les services du département et de l’État, avec l’aide de leurs partenaires associatifs. Les ménages seront locataires et la durée sur place sera variable en fonction des familles (quelques mois en moyenne).
Les ménages accueillis sur site bénéficieront de deux types d’accompagnement : une mission de gestion (maintenance des mobil-homes et des parties communes, rappel des règles…) et un accompagnement social renforcé (insertion sociale, accès aux droits, emploi stable…).
Le coût et le calendrier
L’investissement initial s’élève à près de 1,45 millions d’euros, dont une partie importante est prise en charge par la Métropole et l’État (respectivement 802 000 euros et 175 000 euros). La Ville consacrera quant à elle 392 000 euros à l’aménagement du terrain. « Nous sommes encore à la recherche de financements complémentaires afin de faire baisser d’autant le reste à charge pour la Ville », a précisé François Prochasson.
Côté calendrier, le permis d’aménager a été déposé en décembre 2022 et sera instruit courant du mois de mars. Sous réserve d’éventuels recours, les travaux devraient débuter à partir de juin 2023, pour une livraison à la fin de l’année.
La particularité du projet est d’avoir été construit avec tous les acteurs concernés : la Ville bien sûr, mais aussi par la Métropole, le Département et l’État.« La Ville de Saint-Herblain est accompagnée sur le plan humain, technique et financier dans ce projet, a rappelé Jérôme Alemany, vice-président du Département de Loire-Atlantique. Le travail qui a été mené sur Nantes, sur Sainte-Luce, sur Bouguenais, prouve que c’est une bonne stratégie », a affirmé le vice-président du Département de Loire-Atlantique en charge de l’action sociale de proximité, de l’insertion et de la lutte contre l’exclusion.
Les réactions des habitantes et habitants
De nombreuses inquiétudes se sont exprimées lors de la réunion publique. À cet habitant qui s’interrogeait sur « la bétonisation d’une prairie », le maire, Bertrand Affilé, a répondu que « l’artificialisation resterait limitée et que de nombreuses zones humides (création de noues pour évacuer les eaux de pluie, préservation des arbres et d’une pelouse engazonnée…) seraient créées ».
À cet autre habitant qui s’inquiétait « des risques en terme de délinquance et de sécurité », le sous-préfet a indiqué que « l’objectif avec ce terrain, c’était justement de trier le bon grain de l’ivraie. Les gens qui seront sélectionnés s’engageront à respecter un certain nombre de devoirs. Pour ceux qui ne le feraient pas, ils ne pourront plus profiter du terrain et nous apporterons une réponse judiciaire si besoin ». Et Jocelyn Gendek, adjoint au maire en charge de la tranquillité publique, d’ajouter : « Il y aura des passages très réguliers de la police municipale et de la police nationale, avec laquelle nous travaillons en étroite collaboration ».
Un comité de suivi avec les riverains et les entreprises
Dans une volonté de dialogue, le maire s’est également engagé durant la réunion publique à mettre en place un comité de suivi avec des représentants d’entreprises et de riverains, une fois le projet lancé.
L’objectif de cette instance, dont les contours restent encore à préciser, sera de suivre, en lien avec les porteurs du TIT, tous les aspects liés à la vie quotidienne et sociale. « En plus du travailleur social qui travaillera sur site à plein-temps, nous serons à l’écoute pour intervenir au moindre problème », a insisté le maire, Bertrand Affilé.
Retrouvez dans ce document une présentation détaillée du futur Terrain d’insertion temporaire sur le site de l’Ormelière.