Petite enfance, enfance et jeunesse
Les Débatteurs : l’art de l’argumentation au collège
Publié le | Mis à jour le
Pour la troisième année, le collège Ernest-Renan et le Département de Loire-Atlantique proposent aux élèves de participer au projet « Les débatteurs ». Un outil pas comme les autres pour aider les adolescentes et adolescents à mieux écouter et s’exprimer, dans le respect mutuel.
13h, jeudi 10 novembre. Au centre de documentation et d’information du collège, les élèves se font face en deux groupes. Les uns partisans du oui et les autres partisans du non. Sous l’œil de la professeure-documentaliste, de la directrice de la section SEGPA, de l’animateur jeunesse du centre socioculturel du Soleil Levant et d’une jeune femme en service civique à l’association AFEV, le débat s’engage autour de la question : les jeunes ne pensent-ils qu’à l’argent ?
Une élève démarre : « Tu peux prendre ton vélo au lieu de payer un ticket de bus pour te déplacer. Pour ta santé, la sécurité sociale prend en charge tes frais ». Une autre du camp du « oui » rebondit du tac au tac : « la société consumériste nous pousse à acheter toujours davantage : les nouvelles technologies, la mode, les stars, ça donne envie d’acheter ».
Une fois par semaine le temps du midi, la séance se déroule divisée en deux parties : d’abord un premier temps de recherche d’informations et d’arguments suivi du débat.
Proposée par le Département de Loire-Atlantique en charge des collèges, cette initiative a été imaginée à l’origine par Salem Zaïd pour des établissements de la banlieue parisienne. Le collège Ernest-Renan s’est très vite saisi du concept avec les collèges Aristide-Briand et Jules-Verne de Nantes.
« Salem Zaïd, l’initiateur du projet, s’est aperçu que les élèves avaient besoin de prendre la parole et qu’ils étaient souvent limités dans leur expression orale. Face à ce constat, Salem Zaïd a proposé des ateliers pour apprendre aux jeunes à argumenter, à structurer leurs idées, à développer de l’empathie et à parler en public »
Avant chaque débat, les règles de comportement sont systématiquement rappelées : ne pas couper la parole, ne pas insulter, attendre que l’autre ait fini de s’exprimer, se répartir les arguments au sein du groupe. Peu à peu, les plus timides prennent confiance en eux, les idées sont exprimées de plus en plus construites en respectant le point de vue opposé, le tout dans une logique de communication non violente. « J’ai amélioré ma participation en classe et mon bulletin en fait état. J’arrive mieux à m’exprimer et à donner mon point de vue face aux gens. Ça va m’aider dans mon projet professionnel : devenir avocate » affirme Wassila, élève en classe de troisième.
On a vu une véritable progression notamment dans un groupe de jeunes filles qui étaient sur la réserve dans la première partie de l’année dernière. Maintenant elles ont développé une aisance dans la prise de parole, elles sont davantage dans l’argumentation et dans l’écoute des propos pour pouvoir répondre. Maintenant on sent vraiment qu’il y a une discussion et une réflexion sur la thématique posée
L’an passé, deux temps forts ont ponctué cette initiative originale : un débat a été organisé à la médiathèque Lisa-Bresner à Nantes et un second dans l’amphithéâtre du conseil départemental.
Une initiative qui s'étend en Loire-Atlantique
Cette expérimentation pilotée par le Département de Loire-Atlantique prend de l’ampleur avec l’arrivée de nouveaux collèges des secteurs géographiques de Châteaubriant, de Saint-Nazaire, du Pays de Retz et de Nantes. Trois sessions de sensibilisation au débat ont eu lieu en 2022 avec Salem Zaïd. Une soixantaine d’animateurs, animatrices de structures, professeurs, conseillers principaux d’éducation et agents de développement ont été formés à cette occasion.