Institution - Urbanisme, aménagement, travaux
Le Sillon de Bretagne, un géant herblinois
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Achevé en 1974, l’immeuble pyramidal, aujourd’hui cinquantenaire, a été pensé comme une utopie sociale.
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Sa silhouette imposante se dresse dans le paysage herblinois depuis 50 ans : le Sillon de Bretagne n’est pas un immeuble comme un autre. Ce colosse haut de 30 étages est imaginé à la fin des années 60 à une époque où, malgré la construction de grands ensembles comme à Bellevue, le besoin de logements abordables demeure fort.
Échafaudé par une coopérative ouvrière – l’Association nantaise pour l’équipement, l’aménagement et la construction (ANEAC) – le projet du Sillon est tout autant geste architectural qu’utopie sociale : « construire, ce n’est pas seulement procurer un abri, c’est aussi créer un cadre de vie complet où chacun puisse trouver les réponses à ses besoins personnels, familiaux, sociaux et culturels », précise ainsi la note d’intention de l’ANEAC.
L’ensemble est dessiné par 4 architectes de renom (Jean Boquien, Jean Parois, Georges Ganuchaud et Jean Maëder) et amendé par l’architecte-conseil Noël Le Maresquier (Grand Prix de Rome en 1930). Ils imaginent un projet réunissant de nombreuses commodités : centre médico-social, centre de soins infirmiers, foyer pour personnes isolées, restaurant-café-club. Il doit permettre les rencontres et l’entraide entre habitants.
L’Association des commerçants de la Route de Vanne édite un site web riche en informations sur l’histoire du Sillon et ses alentours.
Plus d’infos sur le site de la Route de Vannes.
Les travaux débutent le 22 mai 1970 sur le site agricole de l’Angevinière (une ferme subsistera même jusqu’au milieu des années 70). Le programme est totalement achevé au printemps 1974. 895 logements se dressent alors dans ce bout de campagne pas encore urbanisé, représentant 4 000 personnes, soit 10 % de la population herblinoise d’alors. Parmi ses premiers habitants : Jean-Marc Ayrault. Celui qui deviendra maire de Saint-Herblain (en 1977) puis maire de Nantes (1989) et Premier ministre (2012), est alors professeur d’allemand au collège Guttenberg.
Si la qualité des logements est reconnue par tous, de premières récriminations se font aussi jour : manque cruel d’ascenseurs (seulement 4, transformant les halls en véritables stations de métro aux heures de pointe), charges exorbitantes (notamment le chauffage) et surtout une perte rapide de mixité sociale, avec la fuite des classes moyennes. D’importantes réhabilitations dans les années 80 et 2000 tenteront d’y répondre (lire encadré).
Sillon 2 puis 3 : les mutations du mastodonte
Très vite après son inauguration, des plaintes se font jour sur la vie quotidienne au Sillon. Pour y répondre, une première réhabilitation d’importance est lancée entre 1983 et 1986. 160 logements sont supprimés et la partie supérieure du bâtiment (du 16 au 29e étage) est transformée en bureaux. 16 ascenseurs sont ajoutés, modifiant en profondeur la silhouette de l’ensemble et améliorant le confort des habitants.
De 2009 à 2013, une seconde phase de travaux est lancée, pour 100 millions d’euros. Celle-ci permet d’améliorer les performances énergétiques et les circulations. L’aile la plus longue est sectionnée pour créer une large perspective vers le tout nouveau parc de la Savèze (récompensé par le prix Arturbain en 2016) et le parc de Bagatelle.