Le Bal de Bellevue : entre travail social et diversité culturelle

Comment le bal de Bellevue peut-il être un outil d’intervention pour les travailleurs sociaux ? Comment la culture des habitantes et habitants peut-elle être prise en compte dans leur travail alors que la France se pense mono-culturelle? Ce sont quelques-uns des questionnements qui structurent la thèse du chercheur en socio-anthropologie Gwenael Quiviger.

Près de 50 personnes (acteurs culturels, travailleur sociaux, agents de développement local, personnalités politiques, universitaires et habitants) ont été interrogées en France (dans le quartier de Bellevue à Nantes et à Saint-Herblain et à Châtellerault) ainsi qu’une bonne douzaine au Québec entre 2017 et 2021. Au travers de ce travail, le chercheur a étudié en quoi la diversité culturelle peut être un outil au service du mieux vivre ensemble. 

« L’État canadien s’est fabriqué à partir d’une multitude de cultures et a inscrit le multiculturalisme dans sa Constitution. Depuis le sort funeste réservé aux Amérindiens, les autorités canadiennes portent une attention particulière aux néo-arrivants c’est-à-dire aux personnes dernières arrivées dans le pays. C’est ainsi qu’elles font attention à intégrer leurs pratiques culturelles dans la vie quotidienne du pays » explique Gwenael Quiviger. Quant à la France, il la voit non pas comme multi-culturaliste mais multiculturelle puisqu’elle a toujours été une terre d’immigration depuis des millénaires. « Le manque de reconnaissance des pratiques culturelles est une difficulté pour la société française. Cela peut être considéré comme du mépris avec un ressentiment plus ou moins fort qui pourrait compromettre « l’intégration à la française » dans la Nation, lorsque les personnes ont l’impression d’être des citoyens de seconde zone, de ne pas être entendues ou perçues dans leur entièreté » complète M. Quiviger.

Pour Gwenael Quiviger, les travailleurs et travailleuses sociaux sont un maillon essentiel de l’intégration et du mieux vivre ensemble car ils sont en contact direct avec les personnes originaires d’ailleurs. « Au cours de leur formation, on leur dit de traiter tout le monde de la même manière sans distinction d’origine car la France est un État universaliste. Or, selon moi, il faut avoir à la fois une approche différenciée selon les personnes et réaliser un travail partagé par tous les acteurs du champ artistique, culturel et social » explique M. Quiviger.

Ainsi ce travail universitaire lui a permis de démontrer qu’au-delà d’un divertissement ou d’une consommation d’un bien de loisirs, ces ateliers de découverte et de pratique de danses du monde ancrés dans le quartier peuvent servir d’outil d’intervention sociale. D’autant plus dans un quartier populaire et métissé comme Bellevue en reconnaissant et en mettant en valeur la diversité culturelle des habitants. L’investissement de ces derniers aux côtés d’artistes professionnels a ainsi renforcé leur confiance en eux, leur appartenance au quartier, leur envie d’entreprendre, les a poussés à sortir de chez eux et à rencontrer d’autres personnes.

Envie d’en savoir plus ? Rendez-vous le 24 novembre pour assister au Bal de Bellevue et à la restitution des travaux de Gwenael Quiviger. Journée ouverte à toutes et à tous.

Financé par les Villes de Nantes et de Saint-Herblain ainsi que l’Université de Poitiers et Système B, l’ouvrage de Gwenael Quiviger est édité chez EME Éditions-l’Harmattan (collection Proximité Sociologie) à Bruxelles. Prix : 27€.