Partager avec

Animations, festivités - Culture - Solidarités

Le 29 novembre, une journée spéciale Palestine 

Publié le

En partenariat avec la Ville et plusieurs associations, le Carré international organise une journée en soutien à la Palestine, dans le cadre du Festival des solidarités internationales. Rencontre avec Ahmad Dari, ancien diplomate et musicien palestinien, qui nous explique l’importance d’un évènement comme celui-ci dans le contexte actuel.

Pourquoi la journée du 29 novembre est-elle importante pour les Palestiniens ?

Pour plusieurs raisons. C’est d’abord une journée historique, qui fait référence au 29 novembre 1947. Ce jour-là était acté le Plan de partage de la Palestine élaboré par un Comité spécial des Nations Unies. L’instance avait été créée pour régler la question du partage de ces terres entre les Arabes qui habitaient ces lieux depuis des siècles et les Juifs, dont l’émigration avait commencé au XIXe siècle et qui s’était accélérée avec les deux guerres mondiales.

Depuis 1978 et une décision de l’ONU, le 29 novembre est aussi une date symbolique de soutien. Ce jour-là marque en effet la « Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien ».

Palestinien de Jérusalem, vous vivez en France depuis les années 80. Quel a été votre parcours ?

Après un rapide passage en Syrie, je suis en effet arrivé en France en 1985, pour suivre un cursus à l’école des Beaux-Arts de Valence. J’ai poursuivi ensuite mes études en région parisienne, et me suis spécialisé en arts graphiques, design et construction de visuels. Depuis tout petit, je suis passionné de calligraphie arabe, dont je questionne la forme.

Ces formes de réinterprétation sont par exemple visibles au musée Marmoud Darwich de Ramallah, dont j’ai été chargé de décorer la salle principale.

Ahmad Dari pose devant une planche de calligraphie arabe.
Ancien diplomate, Ahmad Dari,est un passionné de calligraphie arabe.

Après ces premières expériences artistiques, vous êtes ensuite devenu diplomate.

En effet. Du milieu des années 90 à la fin des années 2000, j’ai mené une carrière de diplomate, en occupant la fonction de délégué adjoint pour la Palestine auprès de l’UNESCO [NDLR : organisme onusien en charge de la culture]. C’était une mission technique et politique. Nous cherchions à la fois à soutenir les institutions culturelles, scientifiques et éducatives en Palestine, tout en effectuant un travail de plaidoyer pour une meilleure protection des particularités (notamment architecturales) de la culture palestinienne. Ce qui revenait à défendre la création d’un État palestinien. Depuis la fin des années 2000, je suis retiré de la politique et me consacre entièrement à la musique et la calligraphie.

Quels liens conservez-vous avec la Palestine ?

Ils sont très forts et ont été présents toute ma vie, de par mon ancien métier de diplomate et mon amour de la culture palestinienne. Je conserve aussi des liens directs avec la famille qu’il me reste là-bas et me rend sur place une à deux fois par an. Je dis « rester » car, à l’image de la diaspora palestinienne, ma fratrie n’en est pas moins éclatée aux quatre coins du monde : États-Unis, Jordanie, Israël, France…On ne s’est jamais réunis tous ensemble. Je rêve d’un jour pouvoir me rendre dans un État palestinien souverain et une région pacifiée, pour partager un repas avec mes frères et mes sœurs. 

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur la situation des Palestiniens ?

Évidemment désespéré par ce qu’il se passe à Gaza mais aussi par l’intensification de la colonisation juive en Cisjordanie. Mon point de vue, c’est qu’il faut une volonté internationale pour accepter la Palestine en tant que membre à part entière des Nations Unies et préparer la création d’un État. Sur ce point, il y a une volonté internationale mais depuis toutes ces années, le Conseil de sécurité de l’ONU bloque, à cause du droit de véto systématiquement opposée par les États-Unis…

Et puis, il y a la France, qui est un pays historiquement ami de la Palestine. Mais depuis la présidence Hollande, la France a abandonné la question palestinienne et a perdu de sa crédibilité auprès du peuple palestinien et des peuples arabes. Je le regrette.

La création d’un État palestinien souverain est la seule mesure à même de garantir une paix durable. C’était le message puissant véhiculé par les accords d’Oslo au début des années 90 : un État palestinien garantit, de fait, les frontières d’un État israélien.

Ahmad Dari - Artiste palestinien

Que préparez-vous pour la journée du 29 novembre organisée au Carré des services ?

Je serai sur scène avec avec Yousef Zayeb, un ami percussionniste, professeur au conservatoire de Genneviliers. Nous jouerons de la musique et des chants traditionnels palestiniens. Il y aura d’une part, des chansons bédouines, citadines et de marins. Et dans un second temps du spectacle, on interprètera quelques chansons de notre répertoire autour de la nostalgie et de l’amour de la terre.

Qu’espérez-vous de cette journée et du public ?

Un jour, dans un atelier de découverte de la calligraphie que je donnais, une femme m’a dit : « Vous n’écrivez pas comme nous, vous écrivez de droite à gauche ». Je lui ai répondu : « En effet. Comme, en France, vous écrivez de gauche à droite, nous finirons bien un jour par nous rencontrer et par apprendre l’un de l’autre ». Je souhaite faire de la culture, un outil de plaidoyer, de résistance à l’injustice mais aussi un vecteur de paix et de fraternité. C’est ce qu’a fait avec brio quelqu’un comme Marmoud Darwich [NDLR : poète palestinien dont l’œuvre est internationalement reconnue, étudiée et célébrée]. Et c’est ce que j’essaie de faire à mon niveau avec la musique et la calligraphie.

Je sais que les Françaises et Français y sont sensibles. Il existe dans ce pays près de 80 villes jumelées avec des communes ou des camps de réfugiés palestiniens [NDLR : la Ville de Saint-Herblain est jumelée avec Bethléem, en Cisjordanie], et près de 200 associations d’amitié. On retrouve 4 centres culturels français en Palestine, aucun autre pays n’a de liens aussi forts avec la Palestine.

Ce type d’évènement, comme les mobilisations qui ont lieu à travers le monde, ça nous redonne confiance, ça nous dit à nous, Palestiniens : « Vous n’êtes pas seuls ».

Ahmad Dari - Artiste palestinien

Le programme de la journée en détail

  • De 12h à 13h30 : déjeuner au restaurant social du Carré des services
    Menu palestinien élaboré par des bénévoles la veille du repas (possibilité de s’inscrire à l’atelier cuisine auprès du restaurant social : 06 61 35 86 36).
  • À partir de 16h : exposition et rencontre.
    Exposition et rencontres avec les associations Avenir jeunes Bethléem, Pays de la Loire Gaza Jérusalem, Association France Palestine Solidarité, Par-delà les frontières 44.
  • De 18h30 à 20h30 : conférence-débat.
    Table-ronde sur le thème : « Palestine : comprendre la situation et agir pour la paix depuis la France ». Avec des citoyens palestiniens de Bethléem et des bénévoles d’associations locales. Un débat animé par Pascal Massiot, journaliste indépendant.
  • De 20h30 à 22h30 (concert) : soirée culturelle palestinienne.
    Au programme : repas (petite restauration) suivi d’un concert de musique palestinienne avec Ahmad Dari, calligraphe, compositeur-interprète de musique arabe (chant-oud) et Yousef Zayeb, professeur au conservatoire de Genneviliers