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Culture
Inclusion : Un atelier musique, passerelle vers la pratique
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Des jeunes adultes suivis par le centre d’accueil thérapeutique à temps partiel des Salorges (CATTP) à Nantes participent à un cycle d’ateliers musique à la Maison des Arts. Reportage.
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Ils sont tous assis en cercle avec un trombone à coulisses devant eux. Ce matin, pour leur dernière séance à la Maison des Arts, Vincent, Cédric, Marc, Mounir et Yannick accompagnés de Karine, Mireille et Florian infirmiers au CATTP (centre d’accueil thérapeutique à temps partiel) sont autour d’Alexandre Guibert, professeur de tuba et de trombone. Comme à chaque séance, il leur propose d’écouter quelques morceaux de musique sélectionnés puis enchaîne avec la pratique instrumentale. La musique de James Morrison puis celle Rita Payes résonne dans la salle. Les participants sont immédiatement captivés.
C’est la douzième séance, tous les participants sont l’aise pour souffler et sortir des sons de leur instrument. Le professeur procède néanmoins à quelques rappels : « Comment fait-on pour sortir du son ? On rentre de l’air et on le sort en mettant de la vitesse, en le filtrant. Après, ce qu’il nous reste à faire, c’est d’activer les muscles des commissures de la bouche pour trouver le buzz, une sorte de petit moteur. Au début on peut faire des bruits d’animaux comme le moustique, le cheval, le bourdon, l’abeille, ou encore la mouche » illustre l’enseignant passant à la pratique. À leur tour, les participants se mettent à souffler dans leur trombone. La salle est alors envahie de toutes sortes de sons amusants qui font éclater de rire quelques participants. L’ambiance est à la détente et au partage. « Ensuite, on prend l’embouchure de l’instrument entre les lèvres et on souffle. Vous êtes plus habitués maintenant et on arrive à s’amuser » s’enthousiasme l’enseignant dans un large sourire. À la fin, il chausse les grelots et invite les membres du groupe à utiliser leur corps comme percussions en se frappant doucement la poitrine et en rythme. Puis on passe aux tambourins et aux claves pour terminer joyeusement la séance. Cédric est enchanté de l’atelier : « ça fait du bien de travailler avec d’autres personnes, il n’y a pas de jugement de leur part. » Pour Marc, 21 ans, grand amateur de rap français et de variété française, cet atelier lui rappelle son enfance au cours de laquelle il a appris à jouer de la clarinette et de la harpe. « Cet atelier, c’est un grand bonheur ! »
Karine et Florian, les deux infirmiers encadrant le groupe, sont présents à chaque séance. Leur objectif est d’encourager les usagers du CATTP du secteur de Saint-Herblain, Indre ou Couëron à participer aux activités de leur quartier, de leur ville, à faire la démarche de s’inscrire.
Ces ateliers leur permettent de sortir de leur isolement et chacun vient avec un esprit bienveillant. Cette démarche d’inclusion vise aussi à changer le regard sur les personnes porteuses d’un handicap, dans le but de déstigmatiser la maladie psychique.
Pour Alexandre Guibert, ce cycle annuel est l’aboutissement d’une démarche professionnelle orientée vers l’accueil du public porteur de handicap. Son mémoire, rédigé dans le cadre de son diplôme d’état de professeur de musique, avait pour thème l’activité musicale et la santé mentale ou comment la musique peut limiter le clivage entre les personnes avec un trouble psychique et les autres. Devenu enseignant à la Maison des Arts, il a logiquement présenté son projet et rencontré un écho favorable.
Chacun avance à son rythme. Peu à peu, les blocages psychomoteurs ou de coordination disparaissent et ils arrivent à effectuer le bon geste, à produire le son. C’est ça qui est bien. Cela me conforte dans ma démarche, que tout le monde peut pratiquer un instrument à vent.
Au-delà de cette recherche de technicité, cet atelier vise aussi à créer une ouverture culturelle pour ce public spécifique. Très à l’aide avec le répertoire des fanfares, Alexandre leur propose de jouer aussi bien des sambas, des rythmes africains, du blues en accord avec les infirmiers et les participants.
En 2024, les membres du précédent atelier avaient rencontré les artistes de la Fausse compagnie en résidence depuis 4 ans dans le quartier de Bellevue. Ils avaient pu partager deux matinées à jouer et improviser ensemble. En juin prochain, une nouvelle proposition est déjà programmée puisqu’ils rejoindront les artistes de la Fausse compagnie au parc du Clos fleuri pour une matinée musicale suivie d’un repas partagé.
Ils découvrent et pratiquent le stop motion
Lors de la dernière édition de Ciné-Motion, sur proposition de la Maison des Arts, un groupe du CATTP avait préparé un film en stop-motion mis en musique par des élèves musiciens. Pour la 4ème édition de Ciné-Motion, le CATTP tente à nouveau l’aventure en réalisant un court-métrage de fiction sur la déstigmatisation de la maladie psychique.