Nature
Histoire : des sangsues à la Pelousière
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Une sangsurière a existé autrefois dans le marais de la Pelousière. Aussi curieux que cela puisse paraître, ce petit vers est toujours utilisé pour certains actes médicaux.
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Nichée au cœur du marais de la Pelousière, une sangsurière voit le jour à la fin du 19e siècle. C’est Louis-François de Tollenare, un noble né à Nantes en 1780 et décédé en 1853 qui en est à l’origine. L’homme a plusieurs vies et parcourt l’Europe avec l’envie de faire fortune et de s’ouvrir au modernisme naissant : d’abord jeune négociant en Allemagne et en Suède, puis entrepreneur avec la création d’une filature de coton, quelques années plus tard, il fonde l’hôpital Saint-Jacques à Nantes. C’est là que les sangsues récoltées sont envoyées à des fins médicales.
En février 1835, il fait l’acquisition de la terre de Pont-Pierre à Saint-Herblain qui comprenait à l’époque les sites de la Carrière, de l’Orvasserie et du marais de la Pelousière. D’après la revue « Histoire mémoires locales, départementales, régionales » éditée au cours des années 1990-2010 par la Ville de Saint-Herblain, il va profondément bouleverser le site en l’aménageant de bosquets, de points de vue et d’une maison en briques. En bordure du chemin de la Pelousière, c’est là qu’il décide de créer un étang entouré d’un mur d’un mètre d’épaisseur pour en faire un « parc à sangsues ».
Pendant très longtemps et jusqu’au 19e siècle, l’hôpital de Nantes a en effet largement utilisé des sangsues sauvages comme auxiliaires de soins. Si la plupart proviennent de la Brière voisine, un certain nombre de ces vers d’eau est collecté dans le parc à sangsues de Saint-Herblain. En 1850, les hôpitaux en utilisent plus de 60 millions par an en France. L’hôpital de Nantes en achète ainsi près de 6 000 chaque année et les stocke dans un bassin prévu à cet usage.
Utilisées pour réaliser des saignées jusqu’en 1938, date à laquelle elles sont retirées des pratiques médicales, la médecine a de nouveau recours ces dernières années aux petits vers d’eau, notamment en chirurgie plastique, en traumatologie ainsi que dans le traitement de l’arthrose.
Les pouvoirs de la sangsue
Utilisées en médecine depuis l’Antiquité en Égypte, en Inde, en Chine, les sangsues ont connu une utilisation massive au cours du 19e siècle. De nombreuses pathologies étaient soignées avec l’hirudothérapie : lors de sa morsure, l’Hirudo Medicinalis aspire le sang tout en injectant sa salive reconnue pour ses substances curatives. Au début du 20e siècle, les progrès de la médecine conventionnelle font tomber cette pratique en désuétude. Il faudra attendre les années 1970 pour que des chirurgiens redécouvrent les propriétés anticoagulantes de ces vers segmentés. Cependant, leur usage n’est plus remboursé par la Sécurité sociale depuis 1972.