Partager avec

Dialogue citoyen - Tranquillité publique, sécurité

Faire collectif pour un Grand Bellevue plus sûr

Publié le | Mis à jour le

Les élus des Villes de Saint-Herblain et de Nantes et les services de la Préfecture et de la Justice ont présenté leur action en matière de tranquillité publique, et répondu aux questions d’une cinquantaine d’habitantes et habitants du Grand Bellevue, le 29 mars dernier au Carré des services.

Le projet du Grand Bellevue vise à transformer profondément le quartier par la construction de nouveaux équipements et un espace public remodelé. Alors que la sécurité constitue un facteur essentiel du sentiment de qualité de vie, les collectivités et les services de l’État ont renforcé leur coopération au sein du Schéma Local de Tranquillité Publique (SLTP, lire encadré) pour améliorer la lutte contre la délinquance dans le quartier. À partir d’un diagnostic partagé, deux axes prioritaires d’intervention ont été identifiés dans le SLTP :

  • la réappropriation de l’espace public,
  • le soutien aux acteurs locaux.

Le SLTP : un schéma local pour améliorer la tranquillité publique

Le Schéma Local de Tranquillité Publique (SLTP) du Grand Bellevue favorise une approche globale des questions de sécurité et de prévention de la délinquance et encourage l’échange et l’articulation des différents acteurs autour d’enjeux et objectifs partagés. D’une durée de deux ans, il pose le cadre d’intervention, le périmètre et le plan d’actions concrètes des signataires : les Villes de Saint-Herblain et Nantes, la Préfecture de Loire-Atlantique et la Direction Départementale de la Sécurité Publique (DDSP – Ministère de l’Intérieur) le Parquet (Ministère de la Justice) et la Direction Académique des Services de l’Éducation Nationale (DASEN – Éducation Nationale). Le SLTP détaille également les nouveaux moyens organisationnels, matériels et humains alloués à la tranquillité publique.

Deux policiers municipaux patrouillent au milieu des étals du marché de Bellevue. Il sont de dos.
La Police municipale est régulièrement présente sur le marché de Bellevue.

Mobilisation générale

Prenant la parole tout à tour, les élus municipaux et les représentants de l’État ont souligné l’ampleur des moyens et la variété des actions entreprises. Car comme l’a rappelé Jocelyn Gendek, adjoint à la Tranquillité publique et à la prévention des risques : « Le SLTP marche sur deux jambes » avec d’un côté « la répression, une nécessité pour répondre au besoin de sécurité des habitants », et de l’autre la prévention de la délinquance, citant « les 6 animateurs de proximité de la Ville de Saint-Herblain qui ont pour mission d’être connus et reconnus des jeunes du quartier ».

Prévention aussi, les actions citées par Christian Tallio, adjoint à la citoyenneté, la démocratie locale, et la politique de la Ville , en matière de lutte contre les violences sexuelles et sexistes. « Par la création de cours d’écoles, comme ça sera le cas lors de la rénovation de la Bernardière, qui permettent aux garçons et aux filles de jouer ensemble, qu’on appelle « cours égalitaires ou non-genrées », on agit très en amont des violences dans l’espace public, mais pour nous ça fait partie des éléments qui modifient la donne. »

Les chiffres clés du SLTP

6

partenaires réunis au sein du SLTP

10

actions concrètes déployées sur 2 ans

-2,3%

de faits de délinquance entre 2021 et 2022

40%

de taux d’élucidation de faits de délinquance en 2022 contre 25% en 2021

Le Sous-Préfet à la politique de la Ville, Olivier Laigneau a quant à lui rappelé « la mobilisation massive des moyens de l’État sur ce quartier, en partenariat avec les partenaires locaux. » Pour le représentant de l’État, le renforcement de la présence des forces de l’ordre, avec la multiplication des patrouilles à pied, va de pair avec la mise en place d’une instance départementale avec l’Éducation nationale, pour lutter dès l’école primaire conte « l’évitement scolaire », facteur de délinquance. Une action à 360 degrés insiste Denis Talledec, conseiller municipal Nantais en charge de la prévention de la délinquance : « La stratégie de harcèlement des points de deals est couplée avec des actions de prévention de la délinquance : on s’attache à l’ensemble ». En témoignent les nombreuses actions d’éducation à la citoyenneté mises en place par les Villes de Saint-Herblain et Nantes dans les écoles du secteur.

On s’était engagé à revenir vers les habitants pour rendre compte de nos actions : un an après la signature du SLTP, c’est chose faite.

Jocelyn Gendek - Adjoint à la Tranquillité publique et à la prévention des risques

Justice partout

Pour Renaud Gaudeul, Procureur de la république de Nantes, le taux d’élucidation des faits de délinquance, qui monte à 40% au Grand Bellevue, « traduit l’effort des forces de l’ordre et de la justice pour lutter contre la délinquance dans ce quartier ». Il rappelle « l’attention toute particulière du parquet de Nantes sur ce quartier » au regard non seulement du taux de délinquance plus élevé qu’ailleurs mais aussi de « la mobilisation et l’engagement de tous les acteurs. » Résultats de ce travail partenarial, une baisse de la délinquance et une hausse des élucidations. « On résout des enquêtes judiciaires », résume Renaud Gaudel. Un groupe local de traitement de la délinquance se réunit tous les mois pour travailler situation par situation, sur les lieux précis où se trouvent les difficultés. Objectif ? Mieux cibler les opérations de police judiciaire pour traiter au plus vite les faits de délinquance et éviter que les situations s’enkystent, et là où elles sont installées, faire qu’elles se réduisent. « Attention, prévient toutefois le magistrat, parfois le traitement est long, notamment en matière de trafic de drogue, mais au moins le travail est entrepris ».

Vue aérienne dessinée de la place Mendès-France et de ses abords après travaux. on peut voir que des immeubles de taille réduite avec toitures végétalisées sont construits de part et d'autre de la place. on voit également le marché côté Nantais.
Les nouveaux immeubles et aménagements de l’espace public sur la place Mendès-France favoriseront les circulations et les usages apaisés autour de ce lieu central de la vie du quartier Bellevue.

Rénovation urbaine et sécurité

Le quartier du Grand Bellevue entame une phase importante du projet de rénovation urbaine, avec les aménagements de la place centrale. Bassem Asseh, 1er adjoint à la Ville de Nantes, en charge du Dialogue citoyen, du monde économique et de l’emploi et de la politique de la ville, a rappelé que les questions de tranquillité publique ont été largement prises en compte par les collectivités impliquées, Saint-Herblain, Nantes et Nantes Métropole : « Pour les travaux sur la place Mendès-France, on rénove l’espace public en veillant à ne pas reproduire les erreurs du passé : éviter les cul-de-sac, les porches, mettre des commerces en rez-de-chaussée… ». Une attention confirmée par le Sous-Préfet à la politique de la Ville, Olivier Laigneau pour « ne pas louper le coche au regard des sommes investies ». Une étude est d’ailleurs en cours pour identifier les meilleurs moyens d’améliorer les aménagements en cours au regard de la question sécuritaire : « des moyens supplémentaires sont prévus pour faire des correctifs », annonce le Sous-préfet.

Sur le Grand Bellevue, on conjugue de manière très robuste des investissements urbains très lourds, de l’implantation économique et la présence de l’ensemble des services publics : avec ces trois solutions cumulées le quartier va complétement et profondément se transformer et se redynamiser à l’image de la Plaine Saint-Denis ou de Bagneux en région parisienne.

Olivier Laigneau - Sous-préfet à la politique de la ville

Trafics, rodéos : se réapproprier l’espace public

Le Schéma Local de Tranquillité Publique du Grand Bellevue, c’est on l’a vu, plus de policiers sur le terrain. Concrètement cela s’est traduit par une vingtaine d’opérations policières sur les points de deals du secteur mais aussi un renforcement de la coopération Police Nationale/Police municipale « avec une cinquantaine de patrouilles conjointes à Saint-Herblain, et la même chose à Nantes » a annoncé Jocelyn Gendek. Côté herblinois, 4 nouvelles caméras de vidéo-protection ont été installées en décembre 2022. De plus, l’éclairage public a été renforcé sur le secteur. Une attention supplémentaire est portée au retrait rapide des véhicules épaves dans le quartier. Pour lutter contre les rodéos des opérations dans les caves des immeubles ont permis la saisie d’une cinquantaine de scooters en 2022. Avec les actions dans les écoles, les chantiers éducatifs et les actions jeunesses citoyennes collectives pour les adolescents et adolescentes, l’élu herblinois rappelle que la Ville « lutte contre l’éducation silencieuse prégnante dans le quartier : la normalité c’est pas le rodéo, ce ne sont pas les points de deals ».

Panneaux de signalisation d’enlèvement de véhicule.
Une attention particulière est accordée à l’enlèvement rapide des voitures ventouses dans l’espace public.

Rétablir la confiance avec la Police

« Comment faire que nos enfants comprennent que la police est là pour les protéger ? » Revenant sur une intrusion à l’école de la Sensive ayant nécessité l’intervention de la Police, une parent d’élève a souligné « l’occasion loupée de renouer le lien de confiance entre les forces de police et les habitants, surtout dans un quartier ou ce n’est pas une confiance innée ». Concédant un défaut de communication, Jocelyn Gendek reconnaît que l’intervention ait pu « être anxiogène » : « Oui, il y a une action à mener pour renouer ce lien de confiance, et pas seulement avec le Police, avec les institutions en général. » Le Sous-préfet, Olivier Laigneau, n’est pas défavorable à l’organisation de rencontres entre les élèves et la Police à l’école, sous réserve que cela soit organisé « en lien très fort avec le chef d’établissement et avec une attention particulière au volet pédagogique » soulignant que l’école n’est pas un lieu où les forces de l’ordre sont censées être présentes : « Attention à ne pas créer de précédent », alerte-t-il.

Éducation, la clé du futur

Jean-Marc Launay, principal du collège Ernest-Renan, a pris la parole pour souligner l’importance des partenariats sur le volet éducatif et les relations à renforcer entre les temps scolaires et extra-scolaires : « À l’Éducation Nationale, on fait un travail conséquent pendant 180 jours par an à l’école. Il y a 185 autres jours dans l’année, ils doivent aussi être constructifs pour les enfants, par l’action des parents mais aussi de tous les autres acteurs éducatifs : il faut coordonner nos actions pour avoir un effet dans les parcours des jeunes. »

Parmi les actions déjà mises en œuvre, il cite la Cité éducative, « qui va faire changer les choses progressivement et dans la durée », et le partenariat des collèges du secteur avec le Centre de Loisirs Jeunes de la Police nationale : « un partenariat qui me tient à cœur parce que je pense qu’il est utile aux jeunes. Il crée des situations positives entre les jeunes et la police, et permet de modifier la relation qu’on un certain nombre de jeunes avec celle-ci. »

Vue 3D de l'entrée du futur collège Ernest-Renan et de l'esaplanade devant celle-ci.
L'entrée du futur collège de secteur, qui prendra place derrière la Poste. L'établissement remplacera l'actuel collège Ernest-Renan. © K-architectures

Une habitante s’interroge également sur l’installation d’un commissariat en cœur de quartier : « Sur cette question de la communication entre les forces de l’ordre et la population, comment penser la rénovation sans avoir les force de police sur place, dans une instance physique, un lieu matérialisé ? » Pour le Sous-préfet Olivier Laigneau comme pour l’élu Nantais Denis Talledec le sujet est moins la présence d’un commissariat que celle des forces de l’ordre dans la rue, pour répondre à des situations, pour élucider : « Ouvrir un commissariat de police demande des effectifs simplement pour le laisser ouvert, ce sont des effectifs qui ne sont pas dans la rue, à proximité de vous ou dans l’action ». Une réponse complétée par celle du Procureur de la République, Renaud Gaudeul pour qui « d’un point de vue judiciaire », ce n’est pas nécessairement la solution la plus pertinente : « on l’a déjà tentée dans des quartiers très compliqués. Une telle instance visible était un bon signe mais en même temps la population locale n’y allait pas, pour des questions de discrétion. On ne va pas dénoncer les problèmes de drogues ni de violences intrafamiliales en bas de son immeuble. » Pour l’habitante qui a ouvert le débat, la présence policière est encore insuffisante : « Moi, je ne les vois pas, sur la place [Mendès-France], les médiateurs de Saint-Herblain non plus. D’ailleurs le Grand Bellevue, ce n’est pas que la place Mendès-France. Il y les abords des écoles, là où on vit. Le quartier a besoin de moyens et de moyens sur le long terme. »

Le Conseil citoyen du Grand Bellevue

Composé d’habitants et habitantes, le Conseil citoyen du Grand Bellevue, créé en 2018, se veut le relais entre les habitantes et habitants du quartier et les institutions. Une réunion a par exemple eu lieu en février 2023, rassemblant élus, personnels des services de la Ville de Saint-Herblain et représentant de Nantes Métropole du projet Grand Bellevue sur le sujet du foncier disponible, dans ce moment clé du début des travaux des places Mendès-France et en vue de la libération d’autres espaces comme avec le déplacement du collège Renan. Il y a été rappelé l’attachement historique de nombreux habitants à leur quartier. Le Conseil citoyen y a également « réaffirmé la légitimité du dialogue à la fois pour qu’une information de qualité soit véhiculée, pour donner notre « expertise d’habitants », poser les questions qui nous tracassent et participer à la transformation du quartier ».

Espaces verts, écoles, commerces et services à la personne, les espaces de sécurité et de tranquillité publique , de propreté, de voiries , de loisirs et de diversité de cultureVous êtes intéressé par le sujet et vous avez envie de participer ou d’être tenu au courant ? Le Conseil citoyen vous donne rendez-vous à sa prochaine réunion :

Mercredi 24 mai de 18h30 à 20h au Carré des services, 15 rue d’Arras.

Contact : grandbellevue.conseilcitoyen@gmail.com ou 06 62 93 08 79 (Walter Henry, chargé de quartier Est à la Ville de Saint-Herblain).

Soutenir la vie locale

L’animation de l’espace public est aussi un enjeu central de la rénovation urbaine, qu’elle soit ponctuelle ou pérenne, ont souligné Christian Tallio et Bassem Asseh, les deux élus à la politique de la ville. « Il est important qu’il y ait de la vie dans le quartier pendant le chantier« , a rappelé Christian Tallio. « Ça passe par de l’information en temps réel sur les travaux avec le Mobiloprojet qui sillonne le quartier, ça passe aussi par le fait de permettre aux associations de déployer leurs activités sur l’espace public, avec par exemple des animations Place Denis Forestier, square des Richolets… et une grande fête de quartier en juin ». Sur le long terme, Bassem Asseh rappelle l’importance du lien avec les commerçants : « Ceux qui restent pendant les travaux, dont on essaie de faciliter la vie le plus possible avec les bailleurs et les entreprises qui interviennent : ils sèment les graines du futur, j’invite les habitants à les soutenir le plus possible. Et ceux qui viendront occuper les rez-de-chaussée, dont on choisit les projets avec soin, pour éviter que les mauvais usages ne s’installent. »

Plusieurs habitants dénoncent alors la situation dégradée sur la place commerciale à proximité de l’arrêt de tram Tertre, soulignant que ce n’est pas parce qu’il y a des commerces qu’il y a moins de problèmes. En réponse, Jocelyn Gendek évoque le travail conjoint du syndic de copropriété -car on se trouve sur une propriété privée-, de la Police, du Leclerc et de la Ville pour trouver des solutions de sécurisation des lieux. Bassem Asseh insiste sur les expériences menées dans d’autres quartiers où « on a réussi à installer des commerçants, les gens qui venaient étaient leurs clients, le passage était plus positif. On sait que la bataille est difficile, mais on ne part pas battu d’avance », conclut l’élu Nantais.

« Nous ne sommes pas résignés », renchérit Jocelyn Gendek en conclusion à la réunion. « Nous sommes convaincus qu’à terme la transformation du quartier repose aussi sur la tranquillité publique et nous avons encore un an d’action dans le cadre du Schéma Local de Tranquillité Publique : nous continuerons à mettre les moyens qu’il faut pour agir. »