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Nature - Solidarités - Vie associative

Environnements solidaires : nature et entraide à Bellevue

Publié le | Mis à jour le

L’association d’insertion par le travail ouvrait grand ses portes fin mai pour présenter ses activités aux habitantes et habitants du quartier. Au programme : une plongée dans une champignonnière, la découverte de jardins partagés et d’ateliers de réemploi. 

Dans les anciennes caves de la grande tour du Moulin du Bois, face au centre socioculturel Le Grand B, le vivant s’est fait une place de choix. Ici croissent en silence, dans un clair-obscur légèrement humide, des champignons pleurotes, installés sur des ballots de culture. Les conditions d’humidité, la luminosité, les amendements fertiles : tout est strictement contrôlé pour permettre à cette petite société mycologique de s’épanouir et de grandir en toute quiétude.

Dans les entrailles de l’immeuble, 120 mètres carrés ont ainsi été mis à disposition d’Environnements Solidaires par le bailleur Atlantique-Habitation. « On va diviser cette surface en une dizaine de salles de maturation, explique Éléonore Menucci, directrice de l’association. Pour le moment, nous ne faisons que des pleurotes car c’est l’un des champignons dont nous maîtrisons le mieux la culture. À terme, nous cultiverons également des Shiitakée (Lentin du Chêne) et des champignons de Paris. »

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Dans les anciennes caves de la tour du Moulins du Bois, des pleurotes poussent dans un silence de cathédrale. Un projet lancé par l'association Environnements Solidaires, sous la présidence de Marie-Hélène Nédelec.

Catacombes du vivant

Cette champignonnière est le dernier-né des nombreux projets déjà développés par cette association historique du quartier (lire encadré). Elle fait suite à une expérimentation lancée par l’association fin 2021. « On a pris le temps pour mûrir ce projet qui nous permettra, d’ici quelques mois, de produire plusieurs centaines de kg de champignons par semaine. » Pour permettre une production à grande échelle, 70 000 euros ont été investis par Environnements Solidaires dans l’aménagement de la champignonnière et l’achat du matériel de maturation. Bientôt, 4 personnes en parcours d’insertion s’occuperont de ces catacombes du vivant.

« Il y a trois grands bénéfices à ce projet, note Éléonore Menucci. Le premier, c’est qu’on occupe des caves qui, avant cela, faisaient l’objet de mésusage – squat, trafic de stupéfiants… – et étaient à l’origine de nuisances pour celles et ceux qui vivent dans la tour. Le second intérêt, c’est qu’on développe une activité qui nous permet de financer nos projets et notre fonctionnement tout en poursuivant l’un des objectifs fondateurs de l’association : employer des personnes en rupture d’emploi. Et puis, le dernier intérêt, c’est que grâce à cette champignonnière, on rend concrète l’agriculture urbaine, qui plus est dans un quartier populaire ».

Les champignons récoltés – près de 13 kg dès la première semaine de culture dans une seule salle de maturation – sont pour le moment vendus aux AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) du Bourg et du Tillay. À mesure que la production montera en puissance, l’association démarchera d’autres lieux de vente.

D'Encombrants Solidaires à Environnements Solidaires

Créée en 2012 à l’initiative de la régie de quartier Océan et du bailleur Atlantique-Habitations, le dispositif Encombrants Solidaires vise, à ses débuts, à répondre à une problématique majeure du quartier : la présence d’encombrants sur l’espace public. Le dispositif est innovant : Encombrants Solidaires recrute, à l’échelle du quartier, des personnes éloignées de l’emploi afin de collecter les encombrants et de sensibiliser les habitantes et habitants de Bellevue aux éco-gestes (réemploi, tri des déchets, économies d’énergie…).

Devenue une association à part entière en 2017 sous le nom d’Environnement Solidaires, la structure développe alors de nouveaux projets autour du compostage et de l’agriculture urbaine. Objectif : améliorer la vie du quartier tout en tissant du lien entre celles et ceux qui y vivent ou y travaillent au quotidien.

Depuis, Environnement Solidaires a développé ses activités en dehors des frontières de Bellevue. Elle gère et anime huit sites accueillant des jardins partagés, essentiellement dans la métropole nantaise. Elle développe également des projets autour du réemploi et de la réparation.

Solidarité par l'alimentation

Outre la champignonnière, l’association en a également profité de ces portes-ouvertes  pour présenter un autre projet d’ampleur au Moulin du Bois : la création de larges parcelles de jardins partagés. 1200 m2 divisés en une dizaine de jardins ont ainsi été aménagés par Nantes Métropole, en lien avec les opérations de rénovation urbaine du Grand Bellevue. Sur place, des fèves, des courgettes et un gazon fleuri commencent déjà à pointer le bout de leurs feuilles. Afin de permettre l’émergence de projets d’éducation à l’environnement pour les enfants, une parcelle est réservée à l’école de la Bernardière.

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Les nouvelles parcelles de jardins partagés créés à Bellevue, au Moulin-du-Bois.

L’idée derrière ce projet, c’est de mobiliser les habitants autour de ce projet collectif. Ces lopins de terre n’attendent plus que des bonnes volontés pour être cultivés dans un esprit solidaire : les légumes récoltés sont ensuite partagés aux habitants entre habitants. C’est un projet à vocation à la fois sociale et environnementale.    

Marie-Hélène Nédelec - Présidente d’Environnements Solidaires

Un peu plus loin, rue de l’Orne, l’un des projets historiques de l’association continue également d’animer le quartier. Lancée en 2017, La Petite ferme urbaine est un espace verdoyant posé en pied d’immeuble. Ces 1500 mètres carrés, lovés entre la rue de l’Orne et le collège Ernest-Renan, sont tout à la fois lieu de maraîchage, d’horticulture et d’élevage (à travers un poulailler), mais aussi un lieu de rencontres et de partage. « Ce projet, soutenu depuis son lancement en 2017 par le Fonds pour l’innovation sociale, vise à la fois à créer du lien social, sensibiliser les habitants à une alimentation de qualité et aux circuits courts tout en offrant un support pour la création d’emplois », note Éléonore Menucci.  

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La serre géodésique de la Petite ferme urbaine.

Au quotidien, la ferme encourage le partage de savoir-faire entre habitants, sensibilise à la fragilité du vivant tout en soutenant l’économie locale. Un véritable laboratoire d’écologie urbaine. « Suite à un incendie survenu sur le toit de l’immeuble à l’été dernier, les terres sont pour le moment inutilisables. Une fois dépolluées, nous relancerons cette activités qui permettaient à beaucoup de familles d’avoir des légumes frais, de saison et biologiques, tout en créant du lien entre les personnes », indique Éléonore Menucci. 

En complément des légumes produits à la Petite ferme urbaine, l’association réalise aussi, deux fois par semaine, des opérations de glanage sur le marché de Bellevue. Les denrées récupérées sont ensuite redistribuées aux habitantes et habitants du quartier, soit de façon brute, soit après transformation (coulis, compotes, fruits séchés…). »Une vingtaine de familles en bénéficie chaque semaine », relève Éléonore Menucci.

350

tonnes de carton collectés par l'association dans les rues de 3 quartiers prioritaires (Grand Bellevue, Breil, Reé Château)

1500

m2 cultivés sur le site de la Petite ferme urbaine

40

ateliers de jardinage animés par Environnements Solidaires en 2023

70 000

euros investis dans la nouvelle champignonnière du Moulin-du-Bois

Réparer, réemployer

En parallèle de ses actions de ramassage d’encombrants, qui se poursuivent 12 ans après leur démarrage, l’association développe enfin des projets de réemploi et de réparation, à travers deux ateliers, l’un situé rue de Saint-Servan, l’autre rue de la Mayenne. 

« Beaucoup d’habitants viennent nous déposer des choses à réparer, témoigne Stéphane, l’un des salariés de l’association. Il nous arrive de réparer nous-mêmes, mais l’idée, c’est aussi de permettre aux habitants de faire par eux-mêmes grâce aux outils que nous mettons à disposition. Et nous sommes là pour aider si besoin. » 

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L'atelier de réparation d'Environnements Solidaires, rue de Saint-Servan.

Pour tous ces projets, l’association emploie 5 personnes. À ces salariés permanents s’ajoutent chaque année, un certain nombre de personnes en rupture d’emploi. Celles-ci trouvent chez Environnements Solidaires, un cadre bienveillant et balisé pour entamer un retour vers l’emploi serein, grâce à des contrats dits « Parcours emploi et compétence ». Ainsi, sur les 9 salariés accueillis par l’association en 2023, 5 sont d’ores et déjà en CDI dans d’autres structures.

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Les salariés de l'association réparent et valorisent des objets récupérés, avant de les donner aux habitants du quartier.

Par ailleurs, l’association travaille étroitement avec 6 bailleurs sociaux de la métropole et disposent de financement au titre de la politique de la ville. Outil d’insertion par le travail, elle accueille régulièrement des jeunes fléchés par l’Agence départementale de prévention spécialisée (ADPS). « L’association remet du vivant en pied d’immeuble et c’est pour cela qu’elle est appréciée, pointe Éléonore Menucci. C’est un point de repère pour les habitants ».

Infos pratiques

Environnements Solidaires
1 rue de Cahors
Plus d’infos : environnements-solidaires.org  / 06 67 75 29 69