Nature - Petite enfance, enfance et jeunesse
École de la Bernardière : promenons-nous, dans les bois…
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Depuis la rentrée, trois enseignantes de cette école installée en bordure du parc du Bois-Jo expérimentent un dispositif de « classe dehors ». Au contact de la nature, les enfants enrichissent leurs connaissances tout en développant leur motricité.
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Au cœur du parc du Bois-Jo, un silence d’hiver. Entre les nappes de brume émerge une grappe d’enfants qui musardent entre les arbres. Chaussés de bottes et chaudement vêtus, les bambins s’extasient devant ce qui leur tombe sous la main. « Alors, qu’est-ce que vous avez là ?! Vous avez ramassé des mûres, des bogues de châtaignes, des brins d’herbe et des branches, s’enthousiasme Marine Baudy, leur enseignante. On va pouvoir préparer la soupe des écureuils, ils vont se régaler ! ».
Ce matin-là, sous les frimas du mois de novembre, ils sont une quinzaine d’enfants de 3 ans à parcourir les sous-bois dénudés du Bois-Jo. Ces derniers sont scolarisés à deux pas d’ici, en petite section de maternelle à l’école de la Bernardière, quartier Bellevue. Durant deux heures, ils vont arpenter ces chemins, à la découverte de ce qui les entoure. Entre les vallons endormis du Bois-Jo, les enfants observent ainsi les arbres et les animaux, jouent et courent à bride abattue, écoutent en silence les oiseaux qui communiquent entre eux.
Mis en œuvre depuis la rentrée 2024, le projet de trois enseignantes de l’école maternelle Bernardière de faire « classe dehors » rencontre un franc succès auprès des enfants, qui s’éveillent en douceur au monde qui les entoure. L’école a d’ailleurs reçu un soutien financier de la Ville dans le cadre du parcours environnement du dispositif municipal « Classes à thème » pour la mettre en place. « Nous avons constaté que les enfants du quartier, issus de familles populaires, avaient peu l’occasion de sortir de chez eux, indique Marine Baudry. Ils ont un vrai déficit de nature. C’est d’autant plus regrettable qu’il y a la proximité immédiate d’un superbe parc comme le Bois-Jo. »
Après quelques réunions d’information auprès des parents – « Il a fallu convaincre que sortir et respirer le grand air, même quand il fait froid ou qu’il pleut, c’est bénéfique pour l’enfant ! »-, le projet a été lancé. D’abord, dans la cours d’école. Puis, très vite, c’est le parc du Bois-Jo, ses prairies vallonnées, ses chemins creux et son ruisseau alangui, qui ont été investis par les enfants à raison d’une demi-matinée par semaine. « On fait les choses en douceur, mais nous espérons pouvoir sortir une matinée complète par semaine d’ici la fin de l’hiver », précise Marine Baudy.
Cette forme de pédagogie alternative, inspirée des expériences scandinaves, se développe de plus en plus en France. Aux yeux des institutrices, les bénéfices pour les enfants sont déjà évidents : découverte concrète du cycle des saisons et du fonctionnement de la nature, enrichissement du vocabulaire, développement de la motricité et de la coopération, renforcement du système immunitaire, mise en confiance… « On voit des enfants qui étaient très rentrés en eux, sortir soudain de leur bulle et gagner en confiance, c’est remarquable ! », s’enthousiasme Marine Baudy.
« Depuis son lancement, en septembre, cette expérimentation est un vrai succès, renchérit Céline Haubois, directrice de l’école. Faire l’école dehors permet de rendre les apprentissages plus concrets, et permet aux élèves d’être acteurs de leur scolarité ». À Bellevue, les allées du Bois-Jo n’ont pas fini de bruisser des rires et de la curiosité des enfants.
Travaux : bientôt une école labellisée "environnement durable"
Vieillissant, le groupe scolaire de la Bernardière va bénéficier à la rentrée 2025 d’importants travaux de rénovation et de réaménagement. Ces derniers prévoient notamment – sous réserve d’ajustements budgétaires en raison du contexte national – l’extension de l’école maternelle, la mise en accessibilité et la rénovation de l’école élémentaire, l’amélioration des performances phoniques et énergétiques du bâtiment.
Sont également prévues la désartificialisation et la végétalisation des cours de récréation ainsi que la création de cours pédagogiques et non genrées. Ces dernières bénéficieront d’une labélisation « développement durable », qui implique une réduction des consommations énergétiques d’au moins 40%, une production d’énergie renouvelable (via l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit de l’élémentaire) et la réduction de l’empreinte carbone par l’emploi de matériau biosourcés (bois essentiellement).
« C’est un chantier qui améliorera considérablement les conditions d’apprentissage des enfants et d’enseignement de l’équipe pédagogique », relève le maire, Bertrand Affilé. Budget prévisionnel du projet : 9,4 millions d’euros TTC.