À Saint-Herblain, les débats se portent bien !

Élaborer sa pensée, construire des raisonnements, lire les auteurs et autrices mais aussi s’informer de l’actualité, défendre des idées, trouver les arguments pour étayer son jugement, prendre de la hauteur, autant d’exercices pratiqués au sein de groupes informels adeptes de débats et de partage d’idées.

Le café philo du Tillay se réunit une fois par mois le dimanche matin pour réfléchir à un sujet défini et connu à l’avance. Le choix des sujets pour l’année suivante (de septembre à juin) s’effectue en amont dès les mois de mai et juin. Les participants et participantes inspirés par un ou des sujets les partagent avec les autres membres du groupe qui se déterminent en votant. « Peut-on être libre sans être heureux ? ; Sommes-nous responsables de l’avenir ? ; La douleur nous enseigne-t-elle quelque chose ? », voici quelques-unes des questions qui seront discutées cette année. « Si certains sujets mettent du temps à être retenus, ils finissent par arriver comme « les rapports hommes-femmes aujourd’hui » débattus le 8 octobre dernier » explique Annie Latcher, membre très active du café philo et militante féministe. La parole est distribuée par le « maître de cérémonie » qui se fait connaître en début de séance. Les débats débutent systématiquement par l’expérience vécue des participantes et participants avant d’élargir sur des questionnements et concepts philosophiques. Les personnes volontaires qui ont préparé le sujet prennent la parole en seconde partie. Personne n’est obligé de parler, certains viennent simplement pour écouter. D’autres décident de se lancer, prennent confiance en eux et progressent dans leurs réflexion et expression.

Créé en 1995 par Jean Yves Malinge et Jacky Carré, respectivement professeurs de philosophie et de mathématiques, le café philo du Tillay est sans doute le seul de l’agglomération à s’être maintenu surmontant notamment la crise du Covid 19 grâce à des séances en visioconférence. Accueilli pendant 20 ans par la brasserie du Tillay de la place de la Révolution française, il s’est désormais établi salle Camille-Desmoulins prêtée par le centre socioculturel du Soleil Levant. Pour fêter ses 30 ans d’existence, un temps festif est envisagé en janvier 2025.

Créé en 1848, la libre pensée est la plus vieille institution laïque de France constituée en fédération nationale en 1873. Son leitmotiv est d’œuvrer pour protéger la liberté de conscience. Ses combats s’enracinent dans l’histoire des avancées sociales de la 3^e République avec les lois sur les syndicats (1884), sur la liberté de la presse (1881), sur les associations (1901), sur la séparation des églises de l’État de 1905.

Affiliée aux Fédérations nationale et fédérale de Loire-Atlantique aux côtés des groupes de Nantes et de Saint-Nazaire, la libre pensée de Saint-Herblain a été créée il y a 15 ans et compte une trentaine de membres. Le groupe herblinois a pris pour nom « Clémence Royer » par attachement à cette figure militante des droits. Née à Nantes en 1830, Clémence Royer fut philosophe, libre penseuse et militante pour la liberté de conscience et scientifique. On lui doit la première traduction de « L’Origine des espèces » de Charles Darwin. 

Les membres de la libre pensée sont les héritiers des philosophes des Lumières, du rationalisme, des découvertes et progrès scientifiques et sont très attachés à la République. Leurs réunions sont des espaces d’expression et de débats sur la liberté de conscience.

Parmi les autres combats de la libre pensée, figurent le droit d’organiser des obsèques civiles, le droit de mourir dans la dignité, la demande d’une nouvelle Constituante, la reconnaissance des fusillés pour l’exemple exécutés pendant la 1^ère guerre mondiale. « On essaie de rassembler à l’heure de l’éparpillement de la pensée afin de lutter contre les atteintes à la liberté de conscience. L’individu seul n’est rien sans le collectif. C’est pourquoi, nous sommes membres de nombreux collectifs » ajoute M. Charaux.

Le groupe s’intéresse à plusieurs autres sujets de société et organise des conférences régulièrement comme sur le droit à l’avortement, la procréation médicalement assistée, la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. La prochaine conférence aura lieu le 8 décembre à 20h sur le thème des filles du bon pasteur, l’histoire de jeunes filles enfermées dans des couvents où elles ont été victimes de maltraitance et de travail gratuit.

Pour les personnes intéressées, le groupe est ouvert à toutes et à tous. Les réunions ont lieu le premier mardi du mois de 19h30 à 22h au CSC Le Grand B.