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Culture - Solidarités

À l’EHPAD des Bigourettes, l’art n’a pas d’âge

Publié le | Mis à jour le

Du 26 au 30 août, une vingtaine de résidentes de l’EPHAD des Bigourettes ont bénéficié de l’intervention de danseurs professionnels dans le cadre du projet « L’art n’a pas d’âge », initié par le théâtre ONYX. Une façon de renouer avec son corps, par-delà les fragilités et les blessures du temps qui passe.

Réunies en cercle autour du chorégraphe Cédric Cherdel et de la danseuse Stéphanie Gaillard, les dix résidentes de l’EHPAD des Bigourettes font silence lorsque les premières notes de musique commencent à résonner dans la salle d’activités. Après quelques hésitations, Michelle, 99 ans, s’élance depuis son fauteuil roulant au centre du cercle. Sur les conseils de Cédric Cherdel, elle entame une suite de mouvements « selon l’humeur du moment ». Les yeux fermés et le corps habité, plus vivant que jamais, Michelle valse avec ferveur. Elle s’arrête devant chacune des autres participantes à l’atelier pour partager ce court instant de grâce. Dans la salle, le temps est comme suspendu, tandis qu’entre les résidentes, un dialogue silencieux et complice semble s’installer.

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Michelle, 99 ans, ouvre l'atelier par une valse improvisée.

La puissance des vulnérabilités

Michelle et ses co-résidentes participent ce jour-là à un atelier intitulé « L’art n’a pas d’âge ». Le dispositif, piloté par le théâtre ONYX, permet à des seniors vivant en EHPAD ou fréquentant un accueil de jour de bénéficier d’un atelier de pratique artistique (ici de la danse et de l’éveil corporel), mené par un artiste professionnel. Durant cette semaine de fin d’été, c’est Cédric Cherdel, directeur artistique et chorégraphe de l’association Uncany, qui pilote les ateliers, accompagné pour l’occasion de la danseuse Stéphanie Gaillard. « Ce projet que nous menons s’inscrit dans une réflexion globale sur les fragilités : en quoi nos vulnérabilités peuvent-elles néanmoins être source de puissance et de beauté ? », questionne le chorégraphe.   

Après la « mise en corps », moment d’expression corporel libre, Cédric Cherdel invite les personnes présentes à danser en duo, avec Stéphanie Gaillard ou lui-même. Avec toujours l’improvisation comme seul guide. Si les mouvements sont hésitants, les échanges de regard en disent long sur les émotions que ces pas de danse libèrent. Entre Thérèse et Stéphanie, une bulle de douceur et de complicité semble ainsi s’être créée.

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L'atelier est un moment d'intense complicité avec les artistes professionnels.

La danse a ceci de puissant qu’elle peut permettre à des personnes qui sont en rupture avec leurs corps de retrouver cette pulsation de vie qui nous est commune et qui demeure là, tapie au fond de nous. Malgré les handicaps ou les incapacités, il y a toujours quelque chose à retrouver grâce à la danse. 

Cédric Cherdel - Chorégraphe
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Pour les résidentes qui ont du mal à se mouvoir, les artistes travaillent sur le toucher, avec un maître mot : la douceur.
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Pour les résidentes qui ont du mal à se mouvoir, les artistes travaillent sur le toucher, avec un maître mot : la douceur.
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"On peut danser de bien des manières", selon Cédric Cherdel. Ici, les arabesques réalisés avec un drap de coton permettent de renouer avec ses sens.
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« Souriant », « Réjouissant », « Pur plaisir »… Les qualificatifs utilisés montrent l'enthousiasme des participantes.

Projet d'utilité publique

Sur la scène improvisée, les corps continuent de s’exprimer. D’abord avec retenue, puis avec une parfaite spontanéité, comme lorsque des morceaux de tissu sont utilisés pour créer des arabesques de couleurs et de mouvements. « C’est très agréable de pouvoir profiter de ces formidables intervenants, confie Michèle. Ils nous montrent qu’on peut continuer à bouger à tout âge, qu’on peut retourner en enfance si on le souhaite, témoigne la nonagénaire. C’est un dialogue entre la tête et le cœur. »

Projet d’utilité publique, « L’art n’a pas d’âge » est porté par le théâtre ONYX depuis 10 ans. « Ces ateliers sont adaptés à la mobilité de chacune et chacun, explique Séverine Thermes, cheffe de projet culturel à ONYX. Ils ont pour but de créer un espace de rencontre et de partage pour permettre à chaque personne d’activer ses capacités et d’entrer dans le mouvement ».

Après 1h30 d’ateliers et « quelques folies », Michèle, Georgette, Thérèse et les autres, partagent leur sentiment : « Souriant », « Réjouissant », « Pur plaisir »… sont les mots qui reviennent le plus fréquemment. La preuve tangible, s’il en fallait une, que l’art n’a vraiment pas d’âge…