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Urbanisme, aménagement, travaux

Crémetterie : de la campagne à la ville

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La physionomie du quartier de la Crémetterie s’est transformée au fil des décennies passant d’un territoire rural à un quartier urbanisé.

Autrefois bocage parsemé de fermes, moulins, demeures bourgeoises, maisons ouvrières, parcouru de chemins creux et de routes non stabilisées, la Crémetterie se métamorphose après la Seconde guerre mondiale. Dès 1945, l’installation de réseaux d’eau, de gaz, d’électricité et d’égouts est projetée. Le quartier va accueillir les populations sinistrées du centre-ville de Nantes, victimes des bombardements alliés des 16 et 23 septembre 1943.

Il a fallu tout construire, il n’y avait rien. Les gens se déplaçaient en charette.

Daniel Porcheret - Auteur de « Les gens de la Crèm » paru en 2007

Baraquements

À partir de 1948-1949, des baraquements en bois sont aménagés dans l’espace occupé aujourd’hui par le jardin public, la place du marché et les parcelles proches de la rue de la Branchoire. Composés d’une grande cuisine équipée d’un poêle à charbon et de deux chambres avec placards, ces baraquements sommaires accueillent des familles modestes et nombreuses. Le confort est réduit au strict minimum. Les toilettes sont situées à l’extérieur dans le jardin. Les habitants viennent de tous les horizons. Ils sont ouvriers chez Béghin-Say, aux Batignolles, … Lysiane Robin et Jocelyne Nogues , enfants à l’époque, se souviennent.

Nous sommes arrivées le 19 novembre 1949 à Saint-Herblain la veille de la naissance de ma sœur. Les baraquements étaient très sonores, on entendait tout chez les voisins. Mais on n’a pas souffert du froid grâce au poêle. Nous y avons vécu jusqu’en 1961. Les maisons étaient entourées de champs et de pommiers.

Lysiane Robin - Ancienne habitante de la cité de la Crémetterie
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Des familles nombreuses s’installent mois après mois. Les conditions de vie sont précaires et les enfants jouent dans la rue. (archives familiales Guerlée-Nogues).
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Les baraquements précaires abritent des familles nombreuses. (archives familiales Guerlée-Nogues).

Ces baraquements seront remplacés quelques années plus tard par d’autres structures en fibrociment, financées par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. À compter de 1950, la cité de la Crémetterie est administrée par la Ville de Nantes. Il faudra attendre 1965 pour qu’elle réintègre le giron herblinois. Différentes tranches de lotissements vont alors être construites au cours des années 1950-1960.

Notre baraquement se situait dans la rue devenue l’avenue des Troènes. Maman avait été coiffeuse et elle proposait ses services aux gens du quartier. En échange, on lui rendait des petits services. Elle prenait des cours de couture pour nous habiller. Papa travaillait 12 heures par jour chez Béghin-Say. On a connu les tickets d’alimentation. On jouait dans la rue comme tous les enfants du quartier. C’est là qu’on a appris à faire du vélo.

Lysiane Robin et Jocelyne Nogues - Soeurs et anciennes habitantes de la cité de la Crémetterie

L'école et le centre socioculturel

L’école publique de la Crémetterie ouvre en 1950 avec une école pour les filles et une pour les garçons. L’école sera démolie en 2005 pour laisser place à une nouvelle située un peu plus loin. Le nom de l’école de la Crémetterie sera conservé. L’école du Soleil Levant, quant à elle, sera construite au cours des années 1960. De 1953 à 1964, le quartier poursuit son urbanisation de façon échelonnée avec des lotissements de maisons et d’immeubles.

On a été les derniers à partir. Nos parents avaient construit leur maison Castor à la Garotterie. Comme toutes les familles, nos parents devaient donner 800 heures au collectif des maisons Castor.

Lysiane Robin et Jocelyne Nogues - Anciennes habitantes de la cité de la Crémetterie

En 1962, le réseau d’assainissement est réalisé par la Ville de Nantes pour relier le lotissement de la Crémetterie au réseau principal du bas des Dervallières. En 1965, le centre socioculturel du Soleil Levant, le premier de Saint-Herblain, ouvre ses portes. « C’est un lieu de forces vives, d’expérimentation positive, d’échanges et de débats à l’image de la population du quartier » se souvient Gil Gabellec, l’un de ses directeurs.

Un nouveau micro quartier : les Tilleuls

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Le micro quartier d’habitation Les Tilleuls situé en bordure du quartier de la Crémetterie accueille une nouvelle école qui ouvre en novembre 2006.

Occupés de 1969 à 1988 par le supermarché Leclerc puis par des associations d’insertion, les terrains situés à l’angle des boulevards du Tertre et Salvador-Allende accueillent le micro-quartier des Tilleuls au milieu des années 2000. Il est aménagé dans une logique de développement durable avec un raccordement au réseau de chauffage urbain, des cheminements doux et un composteur collectif.