L’assiette du jardin : plus qu’un restaurant

Ce 4 juillet, la conteuse Anne-Gaël Gauducheau de la compagnie la Lune rousse est en plein tour de chant. Sa voix mélodieuse résonne dans la salle de restaurant où quelques convives attablés reprennent l’air de « San Francisco » de Maxime Le Forestier. L’atmosphère est détendue et certains terminent leurs repas par un petit café. Les murs du restaurant sont joliment décorés de photos de fruits et légumes de toutes les couleurs.  Chaque jour, ce restaurant social  sert en moyenne 70 repas confectionnés par 10 salariés en insertion de la régie des quartiers OCEAN.

Après des parcours de vie cabossés et une longue période de chômage, ces cuisiniers ou serveurs en insertion ont été adressés par Pôle emploi. Ils ont signé un contrat de travail de 8 mois à raison de 29 heures hebdomadaires renouvelables 3 fois. Aide au permis de conduire, à la rédaction du CV et de la lettre de motivation, au logement, cours de français, ces salariés en insertion bénéficient d’un important accompagnement social de l’association OCEAN. Au quotidien, ils sont épaulés par deux encadrants techniques : le chef cuisinier Jean-Philippe Jacot et Domitille Clergeau. À la fin de leur contrat, ils auront pu vérifier que le secteur de la restauration leur plait et auront acquis des compétences.

Le chantier porte ses fruits. Cette année, 3 anciens salariés ont trouvé un débouché positif : un chez un traiteur, le deuxième dans un restaurant, et le troisième a intégré une formation qualifiante dans la restauration. Les encadrants sont sur tous les fronts à la fois pour accompagner les salariés et pour proposer des menus de qualité. Par exemple, un menu végétarien cuisiné avec les fruits et légumes du chantier d’insertion de maraîchage est proposé tous les jours. Aussi Jean-Philippe veille-t-il à faire goûter de nouvelles saveurs et à proposer des menus équilibrés tout au long de la semaine car il sait que le restaurant compte de nombreux habitués réguliers. Il n’est pas rare que des repas à thème soient concoctés (Halloween, Noël, Pâques) ou que des spécialités culinaires étrangères soient mises à l’honneur. Quant à sa collègue Domitille, chargée de superviser l’accueil des convives, elle propose des ateliers à thèmes autour de l’antigaspillage, de la cuisine asiatique, de la pâtisserie voire des ateliers d’écriture par exemple.

Le restaurant joue pleinement son rôle de lien social dans la vie du quartier. Les habitantes et habitants aiment s’y retrouver pour partager leurs repas du midi. Les tarifs sont vraiment attractifs et adaptés à tous les budgets sur présentation d’un justificatif de ressources. Régulièrement le restaurant accueille des animations d’artistes en résidence dans le quartier, lors de la fête de la musique ou encore des expositions d’habitants du quartier.

Arrivée en janvier 2019 en France pour retrouver son mari, Bernadette Diatta, 47 ans, n’est pas du genre à rester à la maison. Cette femme active de 47 ans et maman de 6 enfants a toujours travaillé au Sénégal en particulier dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. Inscrite à Pôle Emploi, sa conseillère lui propose de rejoindre l’Ouvre boîtes 44 où elle participe à une flashcoop éphémère dans le domaine de la restauration justement. « La flashcoop m’a permis de prendre confiance en moi et de me donner du courage » explique Bernadette qui se souvient qu’elle ne savait ni lire ni parler français à son arrivée. Une fois confirmé son choix de la cuisine, elle est orientée vers l’association OCEAN et son restaurant social. « Toute l’équipe a pris le temps de m’expliquer le travail. J’ai vraiment eu un très bon accompagnement avec des personnes ouvertes et aidantes. On m’a aussi proposé des cours de français et aujourd’hui je suis capable de parler français. OCEAN, c’est comme une famille pour moi ». Une fois bien rodée au travail, Bernadette a effectué un stage dans un restaurant d’entreprise qui a débouché sur un contrat à durée indéterminée à temps complet. Si en ce moment, elle prépare les entrées, elle peut aussi cuisiner le plat principal et les desserts. « C’est un métier créatif où je peux prendre des initiatives » se réjouit Bernadette pour qui le travail est essentiel dans sa vie.